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jeudi 27 avril 2017

PRESIDENTIELLE & INTELLIGENCE COLLECTIVE


PRESIDENTIELLE & INTELLIGENCE COLLECTIVE 


Les candidats représentent l'état de notre NOUS sociétal ! 


J'ai apprécié ce texte de Francoise Keller qui résume l'état du NOUS. C'est un peu long à lire, mais cela résume bien la situation. 


"Je vais me risquer à vous partager mon analyse de l'entre deux tours, à la lumière très modeste de l'accompagnement d'équipe et de collectifs. Je vous remercie de votre bienveillance et de limiter vos commentaires à ce qui vous touche, ce qui vous parle...


Les résultats du 1er tour demandent à beaucoup de personnes de faire le deuil : faire le deuil d'un candidat auquel ils ont cru, faire le deuil d'un programme auquel ils ont accordé de la valeur... Un deuil est toujours difficile et douloureux et passe par différentes étapes : le choc, le déni, la colère, la tristesse, l'acceptation, le renouveau... Cela prend du temps et beaucoup de réactions expriment telle ou telle étape du deuil.

Dans un collectif, j'observe que ce deuil a besoin d'être accompagné, soutenu. Les personnes qui ont à traverser ce deuil ont besoin du soutien du collectif pour vivre et traverser cette étape qui fait mal...


Le binôme qui sort de ce 1er tour nous demande aussi d'accepter la réalité de notre "nous". La réalité de notre "nous" c'est que nous n'avons pas trouvé de meilleure stratégie que de proposer un binôme E Macron, M Le Pen, que de proposer de choisir entre eux deux au 2ème tour...

C'est la réalité de notre "nous" du moment.

Là aussi, nous arrivons à un 2ème deuil : celui d'accepter que notre "nous" en est là, alors que beaucoup aspireraient à ce que nous soyons ailleurs...

Dans mon expérience personnelle ce 2ème deuil est plus difficile à vivre que le premier car il n'est pas facilement conscient...


Dans les collectifs que j'accompagne et ici aussi, j'observe que, face à cette difficile acceptation de la réalité d'un "nous" à un instant I, une réaction habituelle est l'émergence de propositions portées par des personnes motivées. Et je vois émerger cela quand je lis des propositions de compter les votes blanc etc...

La difficulté - et je ne veux que parler de mon expérience d'accompagnement et de ce que je comprends modestement de ma fenêtre - c'est que les personnes font des propositions dans des espaces qui ne sont pas prévus pour cela, dans un temps, un lieu qui ne permet pas de traiter leurs propositions avec le soin qu'elles aimeraient. Lorsque cette difficulté émerge, c'est difficile : les personnes sont frustrées de ne pas être entendues, le "nous" risque de perdre de belles idées, le chaos arrive et on ne sait plus sur quelle décision on est censée travailler.

Il est alors essentiel :

- de garder la confiance que l'expression de chacun est un cadeau pour le "nous",

- d'accompagner les personnes pour qu'elles déposent leurs propositions dans les bons espaces, quitte à se constituer en groupes de travail pour proposer à un autre moment leurs bonnes idées,

- d'encourager les personnes à prendre soin de leurs idées,

- de recentrer la discussion sur la décision qui est en cours.

Ce moment crée généralement beaucoup de tension, de stress, d'agitation et est sans doute le moment le plus délicat que j'ai pu vivre dans les moments de prises de décisions collectives.


Quand je me remets en lien avec ces expériences, je ressens la même tension, décuplée par l'ampleur du "nous" dans notre pays actuellement.


Quand je me remets en lien avec ces expériences, je me sens inspirée à recentrer mon attention sur deux sujets :

- quel président, de E Macron ou de M Le Pen, choisissons nous pour les 5 ans à venir ?

- quelles autres idées avons nous et dans quels espaces (par exemple les législatives, les partis, les mouvements) pouvons nous les porter ?

- comment pouvons nous nous soutenir à rester centrés sur l'enjeu du 7 mai ?


Je me mets aussi en lien avec les tensions qui existent dans les élections par consentement. J'ai expérimenté tant de fois les tensions et le stress à choisir un candidat imparfait... Et tant de fois nous avons eu besoin d'apprendre à nous soutenir pour, à nouveau, accepter l'imperfection de notre "nous" qui propose des candidats qui ne sont pas du tout à la hauteur de leur mandat.


Je suis aussi en lien avec ce temps de centrage que je propose systématiquement dans mes cercles de décision et je vous le propose ici : imagine être dans 2 ans avec chaque candidat possible et leur programme, leur équipe (ici : E Macron, M Le Pen), comment te sens-tu, quels sont les besoins satisfaits ou pas, quel est le choix qui te génère le moins d'inconfort ?


Enfin, je voudrais évoquer les objections. Dans mon expérience, l'objection n'est prise que si le "nous" sait en faire quelque chose... Et parfois quelle douleur à accueillir que, ici et maintenant, le "nous" ne sait pas prendre en compte le cadeau de mon objection ! Encore une fois accepter dans la douleur que notre "nous" n'a pas le niveau de conscience, de maturité, d'agilité que j'aimerais...


Enfin, je garde un critère dans le coeur qui est cette phrase de Gandhi que j'ai déja cité cette semaine : ""À chaque fois que vous êtes dans le doute, faites le test suivant : souvenez-vous de la personne la plus pauvre et la plus faible que vous ayez rencontrée dans votre vie et demandez-vous si ce que vous vous apprêtez à faire lui sera d’une quelconque utilité."

Dans mon temps de centrage je mesure les conséquences de mes choix sur les plus fragiles, les réfugiés, les déplacés, les plus fragiles de notre société...


Voilà ce que j'ai sur le coeur ce soir...


Et quand je me relie à tout cela, je ressens comme essentiel :

- de discerner quels engagements je choisis pour la suite de ma vie et d'en accepter les conséquences (je veux dire préparer les législatives, choisir les mouvements où je m'engage, écrire aux candidats pour lui dire ce que j'ai à lui dire...),

- de prendre de l'espace pour accueillir la douleur, la tristesse, de vivre dans un monde qui ne ressemble pas à mon rêve, d'offrir à mes enfants un monde qui ne ressemble pas à celui que je voudrais leur offrir,

- de travailler ma violence, mes représentations d'ennemi, ma détermination à dire "oui" aux besoins et à dire "non" aux stratégies qui détruisent la vie,

- de travailler sur moi pour pouvoir soutenir celles et ceux pour qui le deuil est douloureux...


Voici ce que j'ai sur le coeur ce soir, qui bout en moi depuis dimanche soir.


Je vous l'offre comme un cadeau et je vous demande de l'accueillir comme un cadeau que je vous offre à partir du coeur...


Je vous l'offre avec humilité car je ne suis pas habituée à partager cela...


Merci de m'avoir lu..."