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mardi 3 septembre 2013

[Manifeste des règles de l’IC] – le rôle des normes sociales – freins ou boosters – de la mobilisation de l’intelligence collective et collaborative.

Les normes sociales: une technologie cognitive :normes sociales
Certains  usages sont prescrits par un ensemble de règles auxquelles les individus doivent se plier dans le groupe auquel ils appartiennent. Il y a ainsi des normes  esthétiques, des normes linguistiques, des normes de politesse, des normes alimentaires, des normes morales etc. Le champ de ces normes est quasi infini, et  il est difficile de repérer un domaine de la vie sociale qui échappe à des règles  prescriptives. Ces normes ont donc un caractère obligatoire au sein d’un  groupe donné, et sont renforcées par des sanctions positives ou des sanctions  négatives, c’est-à-dire par des encouragements à se comporter conformément  à ces normes ou par des punitions en cas d’écart ou de déviance et la force avec laquelle elles peuvent s’imposer dans un groupe social.
La norme est donc un outil cognitif collectif, susceptible de révisions, dans la mesure où elle est au centre d’une organisation qui sait capitaliser et mettre en commun les savoirs individuels et collectifs. En ce sens la norme est  une « technologie cognitive » développant des potentialités collectives.
La peur de l’exclusion :
Il existe des normes formelles, (écrites : lois, différents codes et règlements). Il existe également des normes informelles qui constituent en fait les mœurs, les habitudes, les coutumes, etc (ex.: politesse, rythme de repas). Le non-respect de ces normes entraîne généralement des sanctions. Dans le cas de normes formelles, il s’agira des prisons, amendes, licenciements, etc. Sinon il s’agira principalement de sanctions morales telles que des brimades, allant jusqu’à l’exclusion d’un individu de son groupe d’appartenance. La plupart des membres de la société ou du groupe accordent donc une valeur à celles-ci. Le respect de ces normes contribue donc à la cohésion sociale, mais s’en écarter amène à une fracture à cause de la sanction pouvant aller jusqu’à l’exclusion.
La création de normes sociales :
Une norme sociale réfère à une règle de conduite dans une société ou un groupe social, notamment des manières d’agir. Les normes sociales définissent le domaine de l’action sociale en précisant ce que l’individu peut ou ne peut pas faire. Elles traduisent les valeurs et les idéaux dominants de la société ou du groupe.
Une norme est donc une règle implicite (non dite) qui nous fait penser, agir sans pour autant qu’elle ait un quelconque critère de vérité:
  1. Une norme va vous dire implicitement ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.
  2. La norme s’instaure indépendamment de tous critères de vérité.
  3. Une norme n’est jamais réalisée sous la contrainte.
  4. Une norme fonctionne toujours par l’intériorisation des valeurs.
  5. Les normes émanent toujours d’un groupe social ou d’une société.
Elle est :
  1. L’expression d’une collectivité et d’un consensus.
  2. Fait l’objet d’un apprentissage social, d’une transmission sociale
  3. Renvoie à de la valeur
  4. Désirable mais ne renvoie pas à un critère de vérité
Pour changer de normes sociales et nous adapter à un contexte inédit, il faut que la situation soit nouvelle, naissante ou que l’environnement physique soit ambigu, stressant, complexe et incertaine. Il y a donc une absence de normes collectives avant l’expérience.  L’incertitude engage l’individu aux changements :
  1. Les gens sont incertains quant à leurs réponses (quand à ce qu’ils doivent penser, percevoir, sentir et faire)
  2. Les gens, en exerçant une influence réciproque les uns sur les autres, convergent, au cours du temps, vers une norme commune qui va sceller leur certitude.
Comment l’intelligence collective favorise une force collective de changement ?
La première des capacités de l’individu est d’inventer des solutions aux problèmes qu’il rencontre, d’accroître ses compétences et de réaliser ses projets. Dès lors que « les technologies cognitives » se sont développées dans le travail de production de sens, de valeurs et de normes, elles procurent aux individus une forme d’accumulation des solutions déjà élaborées et d’augmentation collective des richesses. Cette accumulation peut se transformer en intégration de savoirs de manière cohérente et cohésive, ou fragmentées et ajustées aux situations locales et à l’incertitude de l’action, de son déroulement et de sa coordination.
La socialisation permet de transmettre des valeurs, dont les valeurs dites « centrales », du sens et des normes.  Les normes sociales rassemblent de nouvelles règles de conduite et des modèles de comportement prescrits par l’organisation. Elles affectent les coutumes, les traditions, les systèmes de valeurs progressivement élaborés au sein de cette organisation. La performance et la compétition sont un exemple de valeur intégrée à la norme sociale en vigueur. Y résister peut conduire à la marginalisation.
La complexité et l’incertitude changent la norme sociale
Les normes sociales et culturelles affectent l’ensemble des activités des individus : personnelles, familiales, professionnelles. Elles ont très souvent un caractère régional ou national et montrent une grande diversité au niveau géographique (habitudes vestimentaires, interdits ou coutumes alimentaires, place de la cellule familiale). Cependant, les normes sociales qui intègrent la performance en leur sein sont, parmi d’autres, fondées sur desexigences de compétitivité que la mondialisation a rendues planétaires. Selon ces normes sociales, le mode de vie de chacun est rythmé par l’enchaînement d’activités professionnelles et d’activités de loisir (tourisme, sports, culture) de plus en plus exigeantes en efficacité. Rythme difficile à tenir qui peut amener à des conduites dopantes plus fréquentes, de burn out, de dépression et de suicide. Ces conduites addictives pénalisantes favorisent la mobilisation du collectif à découvrir de nouvelles normes et réduire la surcharge mentale afin de retrouver du bien-être au travail.
D’autres dispositifs et technologies cognitives, comme mettre en œuvre l’intelligence collective et collaborative et bien d’autres, se développent pour ajuster les pratiques à une société industrielle en constante transformation. La norme est alors instrumentale au service du « progrès » : transformer un réel social insatisfaisant, satisfaire des besoins collectifs dans une situation donnée et rendre rationnel le réel. Elle s’accompagne du développement de la responsabilité, de l’autonomie et de l’interdépendance de groupes sociaux souvent marginaux dans leur aventure de changement et d’innovation sociale.
L’apprentissage cognitif, un outil d’adaptation :
De l’importance de la nécessité d’un apprentissage cognitif : dans un monde complexe et incertain, les acteurs développent un apprentissage de l’agir. Cet apprentissage permet à la capacité du vivant à résoudre des problèmes liés aux contraintes de son environnement, non pas en s’adaptant mais en inventant de nouvelles solutions ou nouvelles procédures. La procédure innovante est un instrument de réduction de la complexité et, est un dispositif organisationnel permettant de faire l’économie du consensus en instituant une attente cognitive de bien-être.
L’importance des organisations est sous-estimée dans la formation et l’accumulation du savoir collectif. « Les interactions prennent place dans des réseaux organisationnels qui accumulent, mémorisent et formatent le savoir collectif ». Pour résoudre l’incertitude constitutive de la vie sociale, la communication et les réseaux sociaux permet de stabiliser les attentes, et joue ainsi un rôle fonctionnel. Dans cette perspective, les normes sont fondatrices du lien social. La norme est une modalité nécessaire de la communication sociale ; celle-ci est un opérateur permettant la réduction de la complexité et de l’insécurité.

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